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︎︎︎5. CINÉMA 3


5.1

Pour un cinéma national




5.2

Le cinéma Autrement




5.3

UNE CRITIQUE NOUVELLE




5.4

DOCUMENTS



 
(5.4)

VERS UN TROISIÈME CINÉMA
(Afrique-Maroc)

[Documents et Revues]








« L’heure des brasiers » Vers un troisième cinéma, O. Getino et F. Solanas, extrait de Cine, Cultura y descolonizacion, Editions Siglo Veintiuno Argentina Editores, Buenos Aires, 1973


“Il n’y a pas si longtemps, cela aurait semblé une folle aventure que de vouloir créer, dans les pays colonisés ou néo-colonisés et même dans les métropoles impérialistes, un cinéma en marge du système et contre le système, un cinéma de décolonisation.

Cinéma était jusqu’alors synonyme de spectacle, de divertissement : objet de consommation. Dans le meilleur des cas, le cinéma pouvait aller jusqu’au témoignage de la décomposition des valeurs de la bourgeoisie ou des injustices sociales, mais d’une manière générale, il ne dépassait pas le cadre d’un cinéma des effets, jamais il n’était un cinéma des causes, il restait le cinéma de la mystification, en dehors de l’histoire : le cinéma de la plus-value.

Prisonnier de cette situation, le cinéma, l’instrument de communication le plus efficace de notre époque, était desTiné uniquement à satisfaire les intérêts idéologiques et économiques des propriétaires des firmes cinématographiques, c’est-À-dire, des maîtres du marché mondial du cinéma, pour la plupart nord-américains.

Était-il possible de sortir de cette situation ?”



Pour lire le manifeste en entier (sites de Dérives) Initialement paru en français dans la revue Image et Son : La Revue du Cinéma N°340, juin 1979


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Guide des films Anti-Impérialistes, Réalisé par Guy Hennebelle, 1975, Coll. Martineau Hennebelle

“ON PEUT ESPérer cependant qu’avec l’émergence des pays du tiers-monde, des cinémas nouveaux vont encore apparaître qui, à l’image de ce qu’ont fait les vietnamiens et les algériens et de ce que commencent à faire les palestiniens, sans oublier quelques cinéastes latino-américains indépendants, vont développer la production de films qui contribuent à une indispensable “décolonisation” des esprits dans le domaine du cinéma. important est aussi l’apport du cinéma militant d’europe de l’ouest et d’amérique du nord” 


Dans son Guide des films anti-impérialistes, le journaliste engagé et critique de cinéma, Directeur de la revue Cinémaction, Guy Hennebelle, propose en Avant-Propos une réflexion sur l’état du monde qu’il divise ainsi : 


“a. un premier monde est composé des deux superpuissances qui rivalisent pour étendre leur hégémonie : les états-unis et l’union soviétique.

B. un second monde est composé essentiellement des impérialismes devenus secondaires : les pays de l’europe de l’ouest, le canada et le japon.

C. le troisème monde, enfin, qui est le tiers-monde, composé des nations qui ont été pillées et mises à feu et à sang par les impérialismes occidentaux et japonais, auxquels est venue se joindre la russie social-impérialiste, laquelle, avec des tactiques nouvelles, s’infiltre et étend ses ramifications un peu partout”


Il souhaite à travers ce guide contribuer à la lutte en facilitant le travail des militants qui sont à la recherche de films “pour contribuer à la développer des prises de conscience ou entraîner une mobilisation contre l’impérialisme”. Pour les films marocains, le guide propose notamment les deux films de Souheil Ben Barka Mille et une mains (1972) et La guerre du Pétrole n’aura pas lieu (1975), ainsi que le très beau Mémoire 14 (1971) de Ahmed Bouanani (film de montage à partir d’archives coloniale que la censure a transformé en court-métrage en amputant une importante partie du film sur les résistances berbères et la guerre du Rif). 


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Résolutions des Rencontres d’Alger (1973) et de Buenos Aires (1974) du Bureau Cinéma du Tiers-Monde,
Fonds André Pâquet, 1974, Coll. Cinémathèque québécoise


Décembre 1973, Alger : rencontre et création du Comite Cine del Tercer Mondo / Bureau Cinema du Tiers-Monde.

Mai 1974 : nouvelle rencontre à Buenos Aires, du Bureau Cinéma du Tiers-Monde.



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Affiches des Rencontres Internationales pour un Nouveau Cinéma,
réalisée par Noël Cormier, 1974, Coll. Cinémathèque québécoise

Les RENCONTRES INTERNATIONALES POUR UN NOUVEAU CINEMA de Montréal en 1974 veulent réunir cinéastes et collectifs engagés dans une remise en question du rôle et des moyens du cinéma. Le Comité du Cinéma du Tiers Monde participe aux rencontres. 

PROGRAMME

“Nous sommes à un point tournant dans l'histoire du cinéma. A 75 ans le cinéma vient de prendre conscience de son rôle véritable dans le contexte politique contemporain. Cette prise de conscience s ’est tout d'abord manifestée par une remise en question des structures du cinéma traditionnel (Etats-généraux français de '68). Avec l'entrée dans l'arène des cinématographies nationales (en particulier celles des petits pays producteurs et des pays du Tiers-Monde) l'hégémonie des grandes cinématographies capitalistes se retrouve confrontée à une réalité nouvelle: celle d'un cinéma en transformation qui se doit de mettre au point une praxis qui lui assure une continuité.”

Programme des Rencontres internationales pour un nouveau cinéma, Montréal : Comité d’action cinématographique, 1975 

TEXTES

“ Un cinéma qui veut être un cinéma de progrès et de réveil. Ce cinéma doit d’abord être national. Servir chez-soi, et ensuite être international. Être utile chez-soi, et ensuite être utile à la cause d’autres peuples qui mènent à peu près les mêmes luttes contre le colonialisme et l’impérialisme. Quitte, dans une perspective encore plus lointaine, à aider les luttes des masses laborieuses des pays colonisateurs eux-mêmes. Je crois que ces objectifs doivent constituer les étapes pour nous d’un cinéma de décolonisation. Brûler ces étapes pourrait nous conduire à faire le jeu du cinéma ennemi auquel nous devons répondre par étapes aux deux fonctions dont j’ai évoqué plus haut la portée, à savoir: ni art, ni commerce, mais d’abord un cinéma lisible et de réveil. Reprendre les structures occidentales de diffusion, ou non, c’est une question que nous posons également dans un deuxième temps. Car ces structures sont basées sur la rentabilité et risquent de nous faire retomber dans le cinéma commercial d’oubli des réalités.”

Eléments pour une théorie du cinéma africain par Férid Boughedir

“Que signifie le cinéma pour moi qui suis provisoirement français, mais aussi étranger, car je vis dans un pays parce que les contradictions de l’histoire m’y ont amené? Que signifie donc faire du cinéma pour un cinéaste d’un pays sous-développé? Il faut alors fondamentalement poser la question: qu’est-ce que représente le cinéma pour le Tiers-Monde? Qu’est-ce que faire des films pour le cinéaste du Tiers-Monde? (…)”

Le rôle du cinéaste africain par Med Hondo

Cahiers des Rencontres internationales pour un nouveau cinéma, Montréal : Comité d’action cinématographique, 1975, Coll. Cinémathèque québécoise
Pour lire l’intégralité des textes de Med Hondo, Ferid Boughedir et de Tahar Cheria

VIDÉOS  

Tahar Cheriaa (Tunisie) parle de l’organisation de la FEPACI et des divers fronts qui caractérisent les luttes pour le cinéma dans le Continent Africain. Juin 1974. Extrait de 5 min 57 s. Support d’origine : Vidéo bobine 1/2 pouce. Coll. Cinémathèque québécoise.

Déclaration du Bureau du Cinéma du Tiers Monde d’Alger lue par Lamine Merbah (Algérie) et appuyée par Tahar Cheriaa (Tunisie) au nom de la FEPACI. Juin 1974. Support d’origine : Vidéo bobine 1/2 pouce. Coll. Cinémathèque québécoise 

RÉSOLUTIONS


Résolutions du Comité du Cinéma du Tiers Monde aux Rencontres Internationales pour un Nouveau Cinéma,
1974, Coll. Cinémathèque québécoise



Extrait du Cahier 2 des Rencontres Internationales pour un Nouveau Cinéma, Répertoire des groupes, 1974, Coll. Cinémathèque québécoise

Le Répertoire des groupes se veut un outil capable de “contribuer à renforcer les moyens d’action et la continuité d’un cinéma qui a un rôle à jouer dans le processus historique que nous affrontons.” Il peut être consulté intégralement ici. 

“Les objectifs principaux de la FE.PA.CI. (fédération panafricaine du cinéma) sont:
1- de travailler au décloisonnement d’un continent encore victime des vestiges du colonialisme
2- de favoriser l’éclosion de cinémas réellement nationaux
3- de lutter contre la mainmise franco-américaine sur les circuits de distribution.

Ces objectifs avaient principalement pour but de créer des liaisons entre les cinéastes du continent, d’aider à leur regroupem ent, et à la constitution d’associations nationales.

La FE.PA.CI. est donc un instrument de défense et de promotion de tous les cinémas nationaux de l’Afrique, au sud et au nord du Sahara, tout comme elle s’intéresse à ceux des pays arabes frères du Moyen-Orient.”



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Revue Tiers Monde Vol 20 n°79 Audiovisuel et Développement, 1979
Dossier Spécial réuni par l’équipe de Cinémaction “L’impact du troisième Cinéma dans le Monde”,
Dans le monde arabe et en Afrique, une convergence assez nette
par Ferid Boughedir, Coll. Martineau Hennebelle


Dix ans après la publication du manifeste pour un cinéma d’intervention sociale et politique par Solanas et Getino, l’équipe de la revue Cinémaction dirigée par Guy Hennebelle se penche sur l’impact du troisième cinéma, et notamment à travers cet article du critique et cinéaste tunisien Ferid Boughedir en Afrique et dans le monde arabe. Il évoque les cinéastes qui continuent de se poser la question des relations de leur cinéma avec les luttes et la réalité sociale de leurs pays. Il développe un point de vue très pertinent sur ce qui différence le cinéma d’intervention sociale en Amérique Latine et en Afrique. 

“la différence fondamentale entre la théorie du troisième cinéma et le cinéma d’intervention tel qu’il se pratique en afrique et dans le monde arabe réside sans doute dans la disparité des contextes : le continent latino-américain a été certes colonisé et néo-colonisé économiquement et politiquement, mais il n’a jamais connu une brutale rupture d’identité comme l’ont subie les africains et les arabes, soumis eux à une colonisation totale : que l’on sache les élites intellectuelles et artistiques des pays d’amérique latine ne s’expriment pas en américain ! si bien que de nombreux films africains et arabes sont placés sous le signe de l’affirmation de l’identité culturelle, souci qui pourrait paraître folklorique à un regard étranger, ou sous celui d’un nationalisme exacerbé qui pourrait paraître inquiétant ailleurs.”

Ferid Boughedir, 1979



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Le Tiers Monde en Films, Revue spéciale CINEMACTION et TRICONTINENTAL, 1982
MAROC par Jean-Pierre Garcia et Halim Chergui (Guy Hennebelle), Coll. Martineau Hennebelle

Dans cet article paru en 1982 dans la Revue CINEMACTION pour son numéro spécial avec la revue TRICONTINENTAL, les auteurs évoquent la difficulté de l’éclosion du cinéma marocain dans un contexte socio-économique difficile et en l’absence d’une volonté nationale de production.  

“SUR UNE POPULATION DE 22 MILLIONS D’HABITANTS, EN 1981, 3 MILLION ET DEMI SONT AU CHÔMAGE ET S’ENTASSENT DANS DES BIDONVILLES. APRÈS LA RELATIVE DÉMOCRATISATION QUI A ACCOMPAGNÉ LA PÉRIODE DE LA RECONQUÊTE DU SAHARA EX-espagnol, le malaise s’est aggravé considérablement, pour aboutir aux massaces de casablanca en 1981. en septembre de cette même année, le leader de l’ufsp (union socialiste des forces populaires) rejoint en prison les détenus politiques que le régime maintient dans ses geôles depuis des années.”


Les films cités sont ainsi “les fruits d’efforts individuels de créateurs déterminés”. Sont évoqués notamment les films Wechma (Traces) de Hamid Benani (1970), Mille et une mains (1972) et La guerre du Pétrole n’aura pas lieu (1975) de Souheil Ben Barka, deux tentatives de films politiques, mais aussi le très abouti premier film de Moumen Smihi El Chergui ou le silence violent (1975), ainsi que ceux de Ahmed el Maanouni Alyam, Alyam (O les jours!) (1975) et Transes (1981). Ce dernier film reprend, à travers les pas du groupe de musique Nass el Ghiwane, l’effort de recherche d’une identité marocaine en renouant avec l’authenticité des traditions anciennes et populaires, qui refuse aussi bien “l’acculturation occidentale” que le“rahat loukoum moyen-oriental”.

La Revue Cinémaction, co-fondée par Guy Henebelle et Monique Martineau en 1978, s’inscrit dans les réflexions pour un cinéma d’intervention sociale qui pense les rapports entre les films et la vie et tente de rapprocher le cinéma et l’action, notamment politique. Cinémaction va particulièrement s’intéresser aux cinémas féministes, militants et expérimentaux, ainsi qu’aux cinémas des géographies non-dominantes, comme le cinéma africain. 




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