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ALBUM DE NÉGATIFS
Album de négatifs, pologne, abdelkrim derkaoui, 1966-1970C’est la découverte des albums de négatifs de Abdelkrim Derkaoui documentant les années polonaises des cinéastes marocains, et surtout celle des films d’études réalisés à Lodz, qui nous permettent aujourd’hui de réveler une part restée longtemps absente et oubliée de l’Histoire du cinéma marocain.
Car ces films, redécouverts aujourd’hui, viennent révéler des dynamiques créatives et formelles innovantes, et des questionnements politiques et sociétaux que l’on pensait absents du cinéma marocain. Ils incarnent les espoirs et les projets cinématographique de ces jeunes cinéastes marocains pionniers. Ils permettent de penser une histoire du cinéma “au négatif”.
Malgré l’immense espoir né à l’indépendance, et les moyens qui semblaient être donnés pour la naissance d’un cinéma national, celui là se fera dans des luttes, personnelles et collectives, parfois difficiles, et aussi souvient oubliées aujourd’hui, tout comme les propositions formelles avant-gardistes de l’époque qui avaient émergées.
Bien qu’aucun cinéaste ne fut arrêté lors des vagues de répression politique qui ont touché l’extrême gauche marocaine dans les années 1960 et 1970, on ne peut dire qu’ils s’en sortent indemnes. Des films sont empêchés, des carrières avortées, de prometteurs cinéastes n’ont jamais pu réaliser plus d’un long métrage ou même plus d’un court métrage.
Mostafa et Abdelkrim Derkaoui rencontreront des problèmes après l’interdiction de leur premier long métrage au Maroc De quelques évènements sans signification. Abdelkader Lagtaa mettra de nombreuses années avant de pouvoir tourner ses premiers films. Idriss Karim ne réalisera jamais le cinéma qu’il avait voulu et pensé pour le Maroc.
D’où cette tentative ici de reconstituer, à travers leurs essais, une histoire du cinéma marocain par ses absences en « mettant à jour » des documents, archives, mémoires et traces qui permettent de faire exister un cinéma, et donc une vision du monde, complètement éludé.
Ce mouvement nous permet également d’évoquer et de penser la complexité de l’écriture d’une histoire du cinéma national, alors même qu’elle est traversée d’une série d’érosions, d’oublis, d’effacements et de disparitions.
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