Ewa Partum et Abdelkader Lagtaa, Bureau de la Poésie Andrzej Partum, Varsovie, 1973, Archives Andrzej Partum, Galerie Monopol
(4.3)
ABDELKADER LAGTAA
[Poésie et expérimentations artistiques]
Ewa Partum, Conceptual Gymnastic, camera action, 1972, Courtesy of Ewa Partum, ARTUM Foundation, ewa partum museum
Abdelkader Lagtaa est un poète, cinéaste et écrivain né en 1948 à Casablanca. Il réside actuellement en région parisienne avec sa femme Bozena Lagtaa rencontrée lors de ses études en Pologne à l’Ecole de cinéma de Lodz dont il sort diplômé en 1975.
Il est connu pour son film Un amour à Casablanca (1991) qui fut un grand succès public pour avoir osé affronter les réalités de la société marocaine, mais aussi pour La Porte Close (1995) et Les Casablancais (1999). Ses films questionnent le pouvoir et ses fondements religieux et politiques.
A son retour de Lodz, il a co-réalisé le film collectif Les Cendres du Clos en 1978 (avec notamment les frères Derkaoui). Son dernier film La Moitié du Ciel (2015) revient sur les années de répression politique au Maroc et l’arrestation de Abdellatif Laabi pour délit d’opinion au début des années 1970.
Dans les années 1960, alors qu’il est étudiant en cinéma en Pologne, il publie des poèmes dans la revue Souffles et est membre actif de l’UNEM section Pologne.
A Lodz il va collaborer avec des artistes conceptuels polonais, à la fois comme “secrétaire” (traducteur et assistant) de l’artiste Ewa Partum mais aussi en développant une pratique artistique personnelle. Il a participé à des performances comme à Elbag dans le nord de la Pologne où avec Andrzej Partum ils ont “détourné” une séance de cinéma en faisant de l'acupuncture sur un écran de cinéma. Voir ici des photographies de la performance (Rytka Archivum)
Avec comme seul outil sa machine à écrire, offerte par le poète Mostafa Nissaboury en 1968, Abdelkader Lagtaa va mener un travail de recherche poétique avec des oeuvres comme “Poème de la réalité des limites de la réalité”, “Variations I et II” ou encore “Nettainissement Linguistique” présenté lors d’une exposition au Bureau de la Poésie à Varsovie en 1973.
A son retour au Maroc il a complètement abandonné sa pratique d’artiste conceptuel et de poésie performative, afin de se consacrer au développement d’un cinéma national marocain. Cette partie de sa biographie, essentielle pour comprendre son approche transdisciplinaire, était complètement oubliée jusqu’à très récemment.
(Note. Un projet d’édition de son oeuvre poétique et conceptuelle inédite est en cours, mené par Przemysław Strożek, Sara Lagnaoui et Léa Morin)
FILMOGRAPHIE EN POLOGNE :
WACLAW
ABDELKADER LAGTAA, 5 min, 1969
PODROZ
ABDELKADER LAGTAA, 17 min, 1975
TEMOIGNAGE D’EWA PARTUM (2020, remis par Karolina Majewska-Güde) :
“I met
Kader through my English translator, Marek Żychski, who was friends with
him. Given Galeria Adres' international
profile, I needed help communicating with artists around the world - which at
the time meant in English and French. Since my former translator Roland
Paret wanted to leave Poland, I was actively looking for someone to replace
him. And Marek brought Kader to us.
Pour en savoir plus sur la GALERIE ADRES de Ewa Partum :
GALERIA ADRES DOCUMENTATION (video)
Il est connu pour son film Un amour à Casablanca (1991) qui fut un grand succès public pour avoir osé affronter les réalités de la société marocaine, mais aussi pour La Porte Close (1995) et Les Casablancais (1999). Ses films questionnent le pouvoir et ses fondements religieux et politiques.
A son retour de Lodz, il a co-réalisé le film collectif Les Cendres du Clos en 1978 (avec notamment les frères Derkaoui). Son dernier film La Moitié du Ciel (2015) revient sur les années de répression politique au Maroc et l’arrestation de Abdellatif Laabi pour délit d’opinion au début des années 1970.
Dans les années 1960, alors qu’il est étudiant en cinéma en Pologne, il publie des poèmes dans la revue Souffles et est membre actif de l’UNEM section Pologne.
A Lodz il va collaborer avec des artistes conceptuels polonais, à la fois comme “secrétaire” (traducteur et assistant) de l’artiste Ewa Partum mais aussi en développant une pratique artistique personnelle. Il a participé à des performances comme à Elbag dans le nord de la Pologne où avec Andrzej Partum ils ont “détourné” une séance de cinéma en faisant de l'acupuncture sur un écran de cinéma. Voir ici des photographies de la performance (Rytka Archivum)
Avec comme seul outil sa machine à écrire, offerte par le poète Mostafa Nissaboury en 1968, Abdelkader Lagtaa va mener un travail de recherche poétique avec des oeuvres comme “Poème de la réalité des limites de la réalité”, “Variations I et II” ou encore “Nettainissement Linguistique” présenté lors d’une exposition au Bureau de la Poésie à Varsovie en 1973.
A son retour au Maroc il a complètement abandonné sa pratique d’artiste conceptuel et de poésie performative, afin de se consacrer au développement d’un cinéma national marocain. Cette partie de sa biographie, essentielle pour comprendre son approche transdisciplinaire, était complètement oubliée jusqu’à très récemment.
(Note. Un projet d’édition de son oeuvre poétique et conceptuelle inédite est en cours, mené par Przemysław Strożek, Sara Lagnaoui et Léa Morin)
FILMOGRAPHIE EN POLOGNE :
WACLAW
ABDELKADER LAGTAA, 5 min, 1969UNE OMBRE PARMI D’AUTRES
ABDELKADER LAGTAA, 5 min, 1969MAIS L’ESPOIR EST D’UNE AUTRE COULEUR
ABDELKADER LAGTAA, 9 min, 1972PODROZ
ABDELKADER LAGTAA, 17 min, 1975Abdelkader Lagtaa, Ewa Partum, IstvànNàdler et Andrzej Partum, Biennale Kino Laboratorium, Elbag, 1973, Archives Andrzej Partum, Galerie Monopol
Abdelkader Lagtaa, Ryszard Tomczyk, Andrezj Partum et Gerard Bulm-Kwiatkowski, Biennale Kino Laboratorium, Elbag, 1973, Archives Andrzej Partum, Galerie Monopol
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TEMOIGNAGE D’EWA PARTUM (2020, remis par Karolina Majewska-Güde) :
“I met
Kader through my English translator, Marek Żychski, who was friends with
him. Given Galeria Adres' international
profile, I needed help communicating with artists around the world - which at
the time meant in English and French. Since my former translator Roland
Paret wanted to leave Poland, I was actively looking for someone to replace
him. And Marek brought Kader to us.
As well as
being a translator, Kader was someone very interested in conceptual art and my
work. I was also concerned about his own
artistic ambitions as a filmmaker. Working with Kader as an assistant was
an obvious choice. The gallery did not gather a group of people interested in
its activities. We didn't have a local audience or a lot of local contacts - rather
an international network of exchange. GalerIa Adres was me and my two
secretaries- Marek and Kader. So it could only have been one of them.
We were
very aware of the situation in Morocco, of the Hassan II regime and, in
particular, of Kader’s political problems. Furthermore,
in its official rhetoric, the communist government emphasized its support for
political refugees from the so-called “Third World” countries and its support
for international socialism. I also played this card when applying for
funds. Once we went to the cultural department of the city of Lodz with Kader
and asked for support for non-bourgeois art that strengthens international
comradeship.”
Pour en savoir plus sur la GALERIE ADRES de Ewa Partum :
GALERIA ADRES DOCUMENTATION (video)
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Ewa Partum, book by ewa: conceptual gymnastic 1973, Courtesy of Ewa Partum, ARTUM Foundation, ewa partum museum
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Poèmes de Abdelkader Lagtaa, Souffles n°5, dir Abdellatif Laabi, 1967
Poèmes de Abdelkader Lagtaa, Souffles n°5, dir Abdellatif Laabi, 1967
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Courrier de Abdelkader Lagtaa, Souffles n°4, dir Abdellatif Laabi, 1966
Courrier de Abdelkader Lagtaa, Souffles n°4, dir Abdellatif Laabi, 1966
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Kader Lagtaa, Voyage Permanent - Nettainissement Linguistique, Invitation au Bureau de la Poésie, 23.02.1973 (From Andrzej Partum Archives Courtesy Wanda Lacrampe)
Kader Lagtaa, Voyage Permanent - Nettainissement Linguistique, Invitation au Bureau de la Poésie, 23.02.1973 (From Andrzej Partum Archives Courtesy Wanda Lacrampe)
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Kader Lagtaa, Netainissement Linguistique, 1973 (From Andrzej Partum Archives Courtesy Wanda Lacrampe) Thanks to Zuzanna Zokalska
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Bojena et Abdelkader Lagtaa, Abdelkrim Derkaoui, tournage les Cendres du Clos, 1978, Archives Abdelkrim Derkaoui
[1] L’Ecole de Casablanca est un groupe composé à partir des années 1960 autour de l’Ecole des Beaux Arts de Casablanca par les artistes marocains Mohamed Melehi, Mohamed Chabâa, Mustapha Hafid (qui a également étudié en Pologne), Mohamed Hamidi et Mohamed Ataallah ainsi que de l’historienne de l’art Toni Maraini et du spécialiste des arts populaires Bert Flint. Leurs projets consistaient en une ré-appropriation des traditions artistiques ainsi que de l’architecture urbaine et rurale. Ils ont notamment organisé des expositions dans l’espace public, la plus connue étant celle de la place Jamaâ el-Fna à Marrakech en 1969. Ce même groupe d’artistes soutiendra la production du premier long-métrage de Mostafa Derkoui en 1974. Voir C.A.S.A. — Casablanca Art School Archives, ouvrage collectif dirigé par Maud Houssais et Fatima-Zahra Lakrissa, 2021, Zaman Edition, Paris.
Kader Lagtaa, Netainissement Linguistique, 1973 (From Andrzej Partum Archives Courtesy Wanda Lacrampe) Thanks to Zuzanna Zokalska
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Bojena et Abdelkader Lagtaa, Abdelkrim Derkaoui, tournage les Cendres du Clos, 1978, Archives Abdelkrim Derkaoui
« L’authenticité. C’était la question du jour. Qu’est-ce que l’Ecole de Casablanca [1]? C’est comment accéder à la modernité en partant des acquis locaux et notamment de la culture populaire. Pour nous, le cinéma, c’était aussi ça. Nous, nous avions des idées progressistes, nous étions persuadés que ce qu’il faut, c’est porter un regard critique sur la réalité. Le cinéma que nous voulions devait être réaliste, car c’est comme cela que le public pouvait y adhérer, mais en apportant un regard critique : questionner le public tout en lui présentant quelque chose de crédible, lisible. Il fallait une passerelle commune pour que l’échange puisse avoir lieu. »
Abdelkader Lagtaa, 2019[1] L’Ecole de Casablanca est un groupe composé à partir des années 1960 autour de l’Ecole des Beaux Arts de Casablanca par les artistes marocains Mohamed Melehi, Mohamed Chabâa, Mustapha Hafid (qui a également étudié en Pologne), Mohamed Hamidi et Mohamed Ataallah ainsi que de l’historienne de l’art Toni Maraini et du spécialiste des arts populaires Bert Flint. Leurs projets consistaient en une ré-appropriation des traditions artistiques ainsi que de l’architecture urbaine et rurale. Ils ont notamment organisé des expositions dans l’espace public, la plus connue étant celle de la place Jamaâ el-Fna à Marrakech en 1969. Ce même groupe d’artistes soutiendra la production du premier long-métrage de Mostafa Derkoui en 1974. Voir C.A.S.A. — Casablanca Art School Archives, ouvrage collectif dirigé par Maud Houssais et Fatima-Zahra Lakrissa, 2021, Zaman Edition, Paris.
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