Studium Jezyka Polskiego de Łódź (Tour de Babel), 1966, Archives Miguel Sobrado
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La Tour de Babel
À leur arrivée en Pologne, les cinéastes marocains doivent étudier pendant une année la langue et la culture polonaise au sein du Studium Jezyka Polskiego de Łódź que l’on surnomme “La Tour de Babel”.
Dans son film Lekcja 41 (Leçon 41, 1966) Abdellah Drissi filme ce difficile apprentissage de la langue dans la classe du Professeur Jan Kulak.
Dans son film Lekcja 41 (Leçon 41, 1966) Abdellah Drissi filme ce difficile apprentissage de la langue dans la classe du Professeur Jan Kulak.
Au Studium Jezyka Polskiego de Łódź (Tour de Babel), Photographies de Abdelkrim Derkaoui, 1965 – 1966
« À Lodz, les étrangers, nous étions près de trois mille, étudiaient le polonais pendant un an, puis étaient ensuite dispatchés dans les diverses universités ou écoles de Pologne. Nous étions une curiosité, en Pologne. Les Polonais n’étaient pas habitués à voir des étrangers. Il y avait des vietnamiens, des mongols, des cubains, des chiliens, des algériens, des tunisiens, des camerounais, même des français… A l’école de cinéma, nous étions une trentaine d’étrangers, un libanais, un iranien, un tunisien, un algérien, un brésilien, un ougandais, un tchèque, deux argentins, un mexicain… le tunisien a abandonné en 2ème année. Des gens abandonnaient en cours de route. Nous étions peu nombreux, donc très liés. »
ABDELKADER LAGTAA, 2019
Desde la Torre de Babel et El edificio de lengua polaca para extranjeros, 1966, Archives Miguel Sobrado
« Les années 1960 étaient le point culminant de la décolonisation avec la Guerre du Vietnam et les guerres agraires à travers le monde. L’Union Soviétique, la Chine et Cuba y jouaient un rôle très important. Le Bloc socialiste scolarisait des étudiants du tiers-monde, et c’est comme ca que Mostafa Derkaoui et moi-même nous sommes retrouvés en Pologne. Les frères Derkaoui étaient mes camarades d’étude de la langue polonaise à Łódź en 1965-1966 à la “Tour de Babel” et c’est là que nous avons développé une amitié particulière. J’allais ensuite étudier la sociologie et eux le cinéma, mais nous sommes restés très proches. »
Miguel Sobrado (Costa-Rica), 2018Livre Jezyk Polski [La Langue polonaise : script pour les étrangers],
Jan Kulak, Wladyslaw Laciak, Ignacy Zeleszriewicz, Pankstwowe Wydawnictwo Naukowe, Varsovie, 1966
Jan Kulak, Wladyslaw Laciak, Ignacy Zeleszriewicz, Pankstwowe Wydawnictwo Naukowe, Varsovie, 1966
Miguel Sobrado (1942) L’année du triomphe de la révolution cubaine, en 1959, Sobrado est guerilléro à 17 ans au Nicaragua. Parti étudier en Pologne, il rencontre les frères Derkaoui à la Tour de Babel (le Centre d’apprentissage de la langue polonaise) en 1965, avant de partir étudier la sociologie à Varsovie. A partir d’articles rédigés pendant ses études, il publiera un livre avec l’intellectuel polonais Kowalewski qui vivait à Łódź : “Anthropologie de la guerilla” (1971, Vénezuela). Cet ouvrage et les discussions entre Kowalewski et Sobrado seront des inspirations pour le film de fin d’études Un Jour, Quelque Part de Mostafa Derkaoui dans lequel il est également acteur. On peut le voir également dans la classe d’apprentissage du polonais dans le film Lekcja 41 de Abdellah Drissi.
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